Le yoga deviendrait-il un phénomène de société ? Depuis quarante ans, loin des modes sur lesquelles surfe la pratique, un stage en Moselle fait déplacer les adeptes de très loin. Ici, l’authenticité prime.
On le met un peu à toutes les sauces, le yoga. On l’entend se le conseiller dès qu’on avoue une surdose de stress. On le pratique du plus petit village aux plus grandes villes, en club, salle de sports, MJC, entreprise, chez soi, seul ou, plus chic, avec un coach privé. Les stars exhibent leurs postures sur les réseaux sociaux. Les médecins en sont devenus adeptes, ses bienfaits pour notre santé désormais prouvés. Un marketing yoga si bien rodé que l’Occident en oublierait l’essentiel. Le yoga n’est ni une mode ni un sport, encore moins un instrument pour une ligne parfaite. Il est une culture. Une philosophie qui nous vient de loin, du plus profond de l’Inde, il y a 2 500 ans. Transmise de maître en maître, de siècle en siècle, sa pratique allie corps et esprit, crée l’harmonie entre travail physique (la posture) et souffle. Le tout au rythme qui convient à chacun, sans notion de niveau, mais en conscience avec son corps et son souffle. Là, réside le secret du yoga.
Humilité et Patience
Bitche en son temps, Metz, depuis cinq ans, est devenu la référence du hatha-yoga, le yoga traditionnel. Chaque été, les stagiaires, pratiquants anonymes comme professeurs aguerris, viennent de loin. Guadeloupe, sud de la France, Loiret, etc. Jean-Marc, de Colmar, programme son agenda estival une fois les dates du stage définies. « Pas question de rater cette semaine. C’est trop important pour moi et mon équilibre personnel. »
En cours cette semaine et organisé par le Centre de relations culturelles franco-indien, ce stage a la particularité d’avoir été initié par un homme : Sri Ghatradyal Mahesh. Il a introduit le yoga en France, tout de suite après-guerre (lire ci-dessous). Certains stagiaires, comme Claude, l’ont connu il y a 40 ans à Paris et n’ont plus quitté la philosophie de son enseignement. D’autres ont vécu avec lui les stages organisés à Bitche et se déplacent désormais à Metz. Christiane se souvient : « Au début, il me faisait lever un bras, puis un autre. Je me disais : “Bof !” Avec lui, j’ai appris l’humilité et la patience. » Aujourd’hui, Christiane Gasser dispense des cours à Metz et au Luxembourg, adepte de cette simplicité alliée à la rigueur. Exit, les postures acrobatiques, les nœuds dans les jambes, position sur la tête. « Un jour, se souvient Christiane en souriant, une personne m’a dit qu’elle avait fait du yoga pendant un an et que ça ne lui avait rien apporté. Mais il faut savoir être opiniâtre en yoga. Il donne une grande force intérieure. » Cette force intérieure qu’aimait éveiller Sri Ghatradyal Mahesh.
Dix ans après sa mort, le stage honore sa mémoire tout au long de la semaine. En toute simplicité, en faisant venir conférenciers et intervenants qui l’ont connu et ont pratiqué avec lui. Pour perpétuer l’orthodoxie de son enseignement et le souffle de son esprit.
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